15 mars 2006

 

Jeudi 10 Novembre 2005

Il fait toujours gris mais au moins, il ne pleut plus. On passe la matinée à Burbank dans les studios de la Warner Bros. On nous fait patienter pour un tour dans le magasin de souvenirs, ils sont malins ces Ricains. On commence par voir un petit film retraçant l'histoire de la firme, c'est plutôt sympa et rythmé. Ensuite, on part pour un tour en petit train électrique (animé par Debbie, très sympa) qui dure deux heures. Nos collègues de petit train ont une gueule pas possible, ce qui nous vaudra quelques crises de fou rire avec Lomi (n'importe quoi les moches). On se balade parmi les différents décors et studios, c'est immense, une véritable ville. Entre 10 et 15.000 personnes travaillent ici et la plupart se déplacent à vélo. Tout est en toc et réutilisable, recyclable, un simple immeuble peut servir à 50 trucs différents (on a vu l'église utilisée dans "Gremlins" !). Se balader dans une rue de la Warner, c'est voir des façades avec... rien derrière si ce n'est des poutres. On le savait mais c'est toujours marrant à voir pour de vrai.
L'ingéniosité déployée pour recréer les ambiance ou les conditions atmosphériques est bluffante. On nous montre surtout des décors servent pour "ER" ("Urgences" dans nos contrées) et "Gilmore Girls" (inconnu au bataillon), deux séries que je ne suis pas donc ça me laisse relativement de glace même si c'est toujours intéressant. D'ailleurs, c'est amusant de voir comment ils font pour tourner des scènes sensées se passer en hiver et de nuit à Chicago en plein été et en plein jour à Los Angeles : ils tendent une toile (un "silk") au dessus de l'arrivée des urgences, ils occultent un max de trucs, ils ont des souffleries, des canons à fausse neige, c'est super bien fait. Dommage qu'on n'ait pas eu le droit de filmer.
On visite aussi les ateliers de la Warner, là où on fabrique les décors, les effets spéciaux. C'est vraiment magique de voir que ce qui a l'air vraiment vrai à l'écran est un tas de bois ou de plastique recyclé d'un autre truc. Et quand c'est pas recyclé, ils filent les décors à des écoles d'art dramatique.
Grâce à Lomi qui est le seul à réagir quand Debbie demande s'il y a des fans de "Friends", on fait un tour sur le plateau du "Central Perk" où on pose sur le canapé. On va ensuite faire une photo sur fond vert pour faire croire que General Lee, la voiture de Bo et Luke Duke saute au dessus de nous. Je rate parfaitement la pose, c'est d'un ridicule !
Avant de finir et de récupérer notre magnifique photo avec General Lee (gratos, surprenant), on fait un petit tour au musée Warner Bros. C'est cheap. Au rez de chaussée, il n'y a que quelques costumes plus ou moins intéressants et à l'étage, c'est une expo "exceptionnelle" sur Harry Potter. Le seul truc amusant, c'est d'essayer le fameux chapeau qui décide de l'école où les apprentis sorciers iront étudier. Je serai un Griffon d'Or comme Harry, trop chouchouchouette !

On retourne ensuite sur la 3rd Street Promenade après avoir mangé dans le centre commercial à coté : Romain cherche une paire d'Adidas Superstar avec des bandes rouges à sa taille depuis deux jours.

On rentre ensuite quelques heures à l'hotel avant de partir pour la soirée organisée pour la sortie de l'album de J.U.I.C.E., un atelier d'écriture pour jeunes parrainé par Daddy Kev, Abstract Rude, 2Mex et NoCanDo dont Kreme nous a donné l'adresse (2936 W 8th Street). La soirée se déroule dans une église et du coup, l'accoustique est à chier. Les basses saturent à fond. Les MCs sont pas vieux mais à l'aise mais on n'est pas vraiment transcendés par ce qu'on voit. C'est limite plus sympa de regarder une jolie petite Asiatique breaker au fond de la salle. J'essaie d'aller discuter avec Ab' Rude mais le lascar n'est pas très loquace. On aurait bien aimé aller parler à Kev vu que Kreme l'avait informé de notre passage mais il est dans le stress de la soirée. Tant pis. Le temps d'acheter le CD, de récupérer un poster de regarder encore un peu les bboys et bgirls danser et on quitte l'église. On ingurgite un truc rapidos dans un Taco Bell à coté avant de reprendre la caisse.

On prend donc Crenshaw direction Leimert Park et son Project Blowed. On y arrive à 23h passées mais la soirée commence à peine. On se gare à quelques mètres de là et on tombe sur un clodo bien perché qui nous tape la discut' en nous grattant quelques dollars. Il nous dit que le quartier est sur mais qu'il ne faut pas non plus trop s'attarder, etc... Il nous tient un peu la grappe mais on finit par s'en débarasser. On passe devant de petits clubs de jazz qui ont l'air bien sympa avant d'arriver devant Kaos Network, le magasin ethnique de Ben Caldwell qui héberge l'open mic tous les jeudis soirs. Y a un peu de monde devant, on doit signer un papier pour abandonner nos droits à l'image : ce soir, un docu est tourné apparamment. Vu comment ils insistaient sur nos trois têtes de petits blancs (il n'y avait que nous avec aussi peu de mélanine au début), si ce truc sort un jour y a des chances pour qu'on y soit. La salle est ridiculement petite (30m² à tout casser) et se remplit rapidement, on ne s'attendait pas à ça. Que des Renois autour de nous mais aucun regard de travers, même quand je sors mon camescope. Cool.
Ce soir, on a du pot, il y a un tournoi avec récompense à la clé. Sur scène, il y a à boire et à manger mais c'est toujours marrant. Les deux premiers rounds sont pathétiques entre le petit Renoi qu'on n'entend même pas et la Babtou déguisée en "yo rap" qui ne sait même pas rapper, ça taille direct.
Le principe du Blowed est simple, c'est le public le juge. Si c'est naze, il se met à gueuler "PLEASE PASS THE MIC !" et le mauvais MC incriminé doit rendre le micro. C'est super marrant à voir et contre toute attente, l'ambiance reste bonne et le taillage est accepté de bonne guerre. Dans l'absolu, quand ça se passe bien, chaque round se déroule ainsi : deux rounds de 45 secondes, même instru pour tout le monde, impro de rigueur et à la fin, le choix du gagnant à l'applaudimètre, apprécié par le maitre de cérémonie des lieux, le très vanneur J Smoov (ce mec déchire).
Je filme la plupart des rounds mais je m'en veux de ne pas avoir pris le premier round d'un petit blanc très eminemien (Suga Shane de son blaze) dans le flow et l'attitude qui a bien surpris son monde avant de s'écrouler au 2nd face au Philippin qui ira en finale. P.E.A.C.E. de Freestyle Fellowship (on était genre un peu dingues de voir ça avec Lomi) prend part au concours mais semble vraiment trop défoncé. Trop agressif, trop sur de lui, il se fera sortir dès le premier tour par Sacrifice, futur demi-finaliste. C'est le seul moment de la soirée où on sentira l'ambiance se tendre un peu mais P.E.A.C.E. viendra s'excuser auprès de son challenger un peu après. On aperçoit Aceyalone qui assiste au spectacle discrètement, il ne montera malheureusement pas sur scène.
Le tournoi continue, le public est toujours seul juge et rigole des vannes des uns et des autres (pas toujours évident de tout capter pour nous). C'est finalement un gros rigolo du now de Flawliss qui gagne : pas le meilleur flow de la soirée mais les meilleures vannes de la compet'. En dehors des deux premiers battles et d'un sous-Eminem de service, ça rappe vraiment bien et c'est d'autant plus bluffant que tout est improvisé et dans la bonne humeur (chose inimaginable en France).
Avant de partir, on discute un peu avec le maître des lieux, Ben Caldwell, et sa fille. On parle de la France (qu'il connait depuis 30 ans et qu'il a vu évoluer vers toujours plus de ressemblances avec les Etats Unis), des émeutes, de son travail d'aide à l'Afrique et à sa communauté. Les Caldwells sont très ouverts et très sympas. Pendant ce temps, un cercle s'est formé devant Kaos Network : ça continue à improviser au son d'un beatbox ou d'un ghetto blaster. C'était vraiment une soirée incroyable, un truc à vivre absolument.

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